Le livre en question vient d’être publié en Italie par Youcanprint avec le titre Un caldo semestre et la citation se trouve à la page 31. Il n’y allait pas par quatre chemins monseigneur Giussani lorsqu’il menait (durant toute sa vie) son combat irréductible contre l’idéologie réductiviste et spiritualiste de l’Action catholique. Et contre l’abstraction intellectualiste et moraliste d’un clergé peureux qui – comme il le répétait souvent – avait « honte de Jésus Christ ». Les papes, saint Jean-Paul II et Benoît XVI, pendant trente-cinq ans ont considéré ce serviteur de Dieu à model de leurs pontificats profondément unitaires. En effet ceux-ci ont ramené – au moins doctrinairement – la foi au centre du christianisme. Il suffirait la lecture de ces presque quatre pages consécutives du chapitre de ce livre extraordinaire de chroniques politico-religieuses d’Amato contenant cette citation, pour accomplir la condamnation, sans possible appel, de l’actuelle hérésie gagnante et majeure dans l’Église. Il s’agit du casuisme sentimental et moderniste : l’hérésie-revenant d’il y a trois siècles battue par l’Église catholique dont le monseigneur belge Michel Schooyans, en 2016 et surtout après l’avent de l’idéologie sud-américaine relativiste au pouvoir bien qu’intermittente, a dénoncé, toujours prudemment, la nouvelle ligne pétrinienne de Pape François. Le prélat wallon a ramené à l’actualité cette grave déviation théologique désormais classique.
Quant à ce chapitre du livre, au titre emblématique, « Les dix malheurs du pastoralisme », traite en effet les points prophétiques avec lesquels Stefano Fontana a génialement synthétisé les vues hétérodoxes pastorales casuistes introduites, ou bien tolérées, par l’actuel Pape élu suite à l’action finalement déterminante du groupe dit du « complot de Saint Gall ». L’on se souviendra que cette nouvelle ligne ecclésiologique pernicieuse était menée, depuis longtemps, par les cardinaux modernistes comme le fameux belge Danneels et ses collègues allemands Kaspers et Marx.
Pourquoi Amato a centré son chapitre sur Fontana ? Pour la simple raison que ce dernier n’est pas moins que le directeur du très rigoureux Observatoire international cardinal Van Thuan sur la Doctrine Social de l’Église. Mais surtout pour le fait qu’en l’occurrence il a créé providentiellement le terme « pastoralisme ». Lequel définit parfaitement et, en même temps, juge implacablement l’hérésie contemporaine du casuisme, c’est-à-dire la théologie renversée rendue structurellement redevable des circonstances mondaines et non de la Vérité éternelle de la doctrine évangélique !
Par ailleurs, aussi face au catalogue de cette déviation profondément antichrétienne, l’archevêque de Trieste Crepaldi, qui est le responsable en chef de la DSÉ, est à mi-chemin de son fabuleux cours de théologie sociale tant nécessaire à cause de l’actuelle ignorance pratiquée activement par les prélats, les ecclésiastiques et les cadres dirigeants des mouvements catholiques… Le cours a été organisé en collaboration avec l’excellent quotidien catholique en ligne La Bussola.
Mais revenons au pastoralime décrit par Fontana. Ceci, face à la « honte de Christ » dont réitérait tout le temps père Giussani, réduit la doctrine catholique (surtout sociale) à la mesure de la minuscule foi du monde. La ligne écervelée, fra-maçonne et onusienne du casuisme moderniste et accommodant, est jugée aphasique et mortelle (« indigne de [permettre] de respirer et de vivre » !) par le grandissime fondateur et conducteur on ne peut plus orthodoxe et passionné de Communion et Libération, « son » mouvement ecclésial actuellement à la dérive du relativisme opportuniste et dépressif. Le virage, depuis plus d’une dizaine d’années en correspondance surtout de sa mort, dispose de toutes les caractéristiques de l’irréversibilité confirmée. Au point qu’aucune différence, désormais, pourrait distinguer CL de l’Action catholique contre laquelle don Giussani a dû lutter inlassablement, voire astucieusement, toute sa vie !
Je ne reviendrai pas ici sur les dix points du pastoralisme de Fontana – désormais assez fameux et sur lesquels je reviendrai prochainement –, notamment commentés magistralement par Amato dans son chapitre (à ne pas se perdre une seule miette). Les dix symptômes de la maladie chronique avancée et analysés par le directeur de l’Observatoire constituent la description évidente de la crise apparemment éperdue d’identité et originaire de la vraie religiosité. Et de l’Église actuellement à guide substantiellement catho-protestante.
Je me limite seulement à rappeler la privation la plus désastreuse indiquée par ce décalogue en négatif : la disparition du jugement, de ce que don Giussani appelait continuellement « le jugement incontournable et irréductible du chrétien », face et dans l’océan du relativisme, actuellement aussi triomphant !
Mais sans Vérité, la grande « prétention salvifique exclusive » affirmée aux foules et silencieusement dans la Mort et Résurrection du Christ, que reste-t-il du christianisme ?
Gianfranco Amato, au fond, s’impose la tâche de répondre à cette question cruciale dans l’économie générale de son livre très concret et bien incarné : montrer la lutte vitale, en d’autres termes, et spécifiquement mémorable de l’homme pour s’abandonner au sauvetage de sa vie verticale et horizontale : à savoir, fuir comme la peste – comme le dit l’archevêque émérite toujours giussanien Negri – « la réduction du christianisme à pur sentimentalisme tout de même d’assistance » à l’esclavagisme du nihilisme dans le monde. Le même et identique programme de témoignage du parti d’Amato, non par hasard conçu inviolable par n’importe quelle coalition laïciste : le Peuple de la Famille.
Laisser un commentaire