Ces dix points tirés de l’article de Stefano Fontana, directeur de la DSÉ (Doctrine Sociale de l’Église), viennent d’être publiés dans le site web italien www.CulturaCattolica.it par Gianfranco Amato.
Je les traduis ci-dessous.
1 – Le pastoralisme a fait dire à beaucoup d’évêques et prêtres que les manifestations dans la rue cassent le dialogue et ne construisent pas.
2 – Le pastoralisme a fait penser à beaucoup de monde qu’il ne faut plus intervenir sur le lois, mais seulement sur les consciences des personnes.
3 – Le pastoralisme a fait penser que l’Église doit se limiter à former – on ne sait pas trop qui, où et comment –, pour laisser que chacun, par après, puisse entrer dans les manifs avec sa propre conscience.
4 – Le pastoralisme a fait penser à beaucoup de prêtres que l’Église ne doit jamais dire non, mais plutôt accompagner toute le monde et toujours.
5 – Le pastoralisme a fait croire que prendre position contre l’homosexualité soustrairait la possibilité de pratiquer de la pastorale aux situations de frontière, parmi lesquelles celle des personnes avec des tendances homosexuelles.
6 – Le pastoralisme a fait penser qu’en descendant sur le terrain des lois civiles la foi catholique devient idéologie.
7 – Le pastoralisme a empêché à beaucoup de communautés catholiques de traiter certains thèmes, car trop chargés d’éléments politiques, donc potentiellement pouvant diviser.
8 – Le pastoralisme a orienté beaucoup de Diocèses à traiter certains thèmes, mais avec l’intervention de toutes le opinions présentes dans la société et sans prendre positions.
9 – Le pastoralisme, avec le prétexte de ne pas fermer la voie de l’action pastorale, a bloqué toute action, en rendant de facto l’Église très pastorale, mais en effet aphasique et aprassique.
10 – Le pastoralisme a fait croire que non seulement nous, mais aussi Dieu doit s’abstenir du jugement des situations et des comportements, car en jugeant elle empêcherait la rencontre pastorale avec tout le monde. Au point que même pas une seule loi ne peut être jugée, parce que dans ce cas, la foi deviendrait doctrine imposée et empêcherait la pastorale : dès que t’as jugée mal une loi, tu te coupe des relations avec ceux qui par contre croient dans cette loi. Mais, de cette façon, on met en évidence d’une manière non équivoque que « le pastoralisme est sans vérité, car sans jugement il n’y a plus de vérité ».
Ces points résument rapidement également les raisons de la défaite des catholiques dans la vie laïciste d’au moins le dernier demi siècle.
L’analyse ci-dessus décrite concerne aussi le phénomène, justement, de l’autolaïcisme dont une bonne partie de l’Église s’est rendue responsable surtout dans les derniers décennies. D’une manière même inespérée pour les laïcistes eux-mêmes qui professent l’idée pratique selon laquelle le christianisme doit être éliminé de l’enceinte de la vie publique de tout pays. Les chrétiens n’ont qu’à se cantonner – selon cette opinion des partis politiques et organisations soutenant la sécularisation actuellement à la base du « politically correct » – dans la dimension privée ou intime. Bref dans les sacristies encore possibles. Cette conception de la part des chrétiens est non seulement théologiquement erronée mais elle jaillit d’une véritable apostasie. Laquelle prétend que le monde lui-même et sa conception politique immanente doivent être non seulement séparés et rendues incompatibles par rapport à celle religieuse, mais doivent la dominer dans les faits jusqu’à l’élimination complète de la vie spirituelle et salvifique. Le résultat est – mieux dire, serait – un univers sans Dieu à la base de presque toute la propagande de notre « société du spectacle et du spectacle de la société », dont parlaient les situationnistes au debout des années 60. Ou bien, tout au plus, qu’une humanité chrétienne progressivement minoritaire (toujours dans ces projets des matérialistes athéistes ou agnostiques) tolère provisoirement un monde où Dieu soit mis a l’ostracisme de la vie publique et politique. Toute la civilisation occidentale, fondamentalement chrétienne, serait ainsi destinée à être effacée par la pensée unique et liquide de cette vision faussement totalisante et irréligieuse, outre que relativiste. Et, conjointement, par l’idéologie pseudo-religieuse avancée même par le pastoralisme.
Où se situe donc l’erreur autolaïciste du pastoralisme ? Plus qu’ajouter un onzième point à la liste reprise, il existe déjà l’explication toute faite et très claire! Jésus, dans son explication évangélique où faisait la distinction de « tout ce qui doit être donné à César par rapport à ceux qui doit être donné à Dieu », a affirmé le nouveau et inédit principe laïque (non laïciste !) de la distinction des deux dimensions. Mais dans tous le quatre Evangiles, les Actes de Apôtres, l’Apocalypse, tout l’Ancien Testament et, désormais, dans toute l’immense Tradition ecclésiale pluri millénaire, on a toujours priorisé la dimension de l’esprit par rapport aux choix politiques et factuels. Que l’on se souvienne de l’épisode dans lequel saint Ambroise, évêque de Milan il y a plus de mille-cinq cent ans, a chassé, mis littéralement à la grande porte de sa cathédrale, l’empereur qui voulait prévaloir sur son pouvoir religieux. Lequel, par ailleurs, n’appartenait pas au prestigieux primat : ainsi qu’il n’appartient à aucun serviteur de Dieu !
Il ne peut pas exister une politique rationnelle au véritable service de l’homme si elle n’est pas dépendante des valeurs morales et naturelles qui fondent la civilisation européenne, donc universelle.
Et dans nos temps de démocratie, comment règle-t-on le rapport entre ces deux pouvoirs que le Christ lui-même a défini en les distinguant dans l’histoire ? Surtout dans notre époque où les chrétiens sont, désormais, en apparence nettement minoritaires ? Là où c’est comme cela et après que la lutte politique est restée infructueuse, on va à l’opposition en minorité du pouvoir parlementaire avec toute sa propre fière et efficace liberté. Cela c’est du vrai témoignage ! Et on ne fait pas semblant (ou presque) que « tout va bien madame La Marquise », en essayant de se découper un misérable et irréligieux petit espace subordonné à la féroce loi de l’étatisme !
La lutte à ce cancer meurtrier principal de notre ère, n’est pas seulement économique. Elle est surtout authentiquement globale e totalisante : religieuse. Aucune accointance, donc, avec le pouvoir séculier qui ne mérite que d’être démasqué et attaqué sans aucune concession. Toujours. Pour ce faire il faut tout de même avoir la conscience, et certainement pas la fausse conscience da la subsidiarité domestiquée, que l’étatisme est la plus grande faute et péché de notre temps. Sans son élimination, aucun salut sur le plan public ! Et ne sera certainement le spiritualisme à pouvoir l’assurer avec celle douteusement personnelle.
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