Ils l’ont annoncé pour le 30 avril sans concertation ou dialogue préalable. Et ils l’ont déjà répété : « Nous ne changerons pas de position ». La décision est l’expulsion de KTO TV des chaînes distribuées par Proximus, une société d’information à majorité étatique (!), qui gère un nombre tellement élevé de chaînes, pour une population d’à peine 11 millions, que toute possible motivation est intrinsèquement incommensurable par rapport à la gravité inouïe de l’exclusion de la seule télé catholique et francophone du Plat Pays. L’arrogance apparemment surprenante du verdict, dépourvu de toute motivation, est d’autant plus éclatante que l’État lui-même, représentant inclusif des communautés linguistiques et de tous les citoyens, est majoritaire dans l’actionnariat de cette entreprise !
D’où vient-elle cette assurance totalitaire et, en supplément, profondément illégale de ces dirigeants managers de nier à plus de 3 millions de Catholiques leur télé de confiance ?
Pourquoi prennent-ils le risque consolidé de se froisser avec l’Église toute entière et avec ses nombreuses communautés ?
Pour répondre à ces questions, un seul mot : « laïcisme ».
Ce mot, assez désuet et peu connu dans la culture française, n’apparaît même pas dans les deux flyers, deux tracts distribués en grand nombre comme première réaction à l’humiliante injonction. L’idéologie française, en effet, depuis au moins le siècle dit des Lumières ne pense qu’à mettre à l’ostracisme la religion chrétienne. Ainsi, sous l’enseigne de la soi-disant laïcité, est en réalité née ce que l’on définit aujourd’hui la « pensée liquide » de la société où tout devient spectacle laïciste. À la condition que toute référence transcendante soit exclue de l’espace public de la société dite moderne (en réalité moderniste, très moderniste). Les situationnistes français l’avaient défini au début des années 60 « la société du spectacle et le spectacle de la société ». Tout ce qui n’est pas assimilable au « spectacle » publique doit être exclus de l’évidence du monde. La religion, avant tout celle catholique, doit être confinée par tous les nihilistes de ce monde dans la dimensions privée et intime de chacun, dans l’enceinte de la propre maison personnelle, dans les sacristies silencieuses de la terre. Une télévision catholique, surtout une télévision catholique, ne peut pas – pour ces athées relativistes proclamant que la seule religion légitimée à parler publiquement est la leur, celle de la « pensée unique » et du politically correct – doit être tranquillement effacée. À aider les mécréants champions du sécularisme il y a également beaucoup de chrétiens autolaïcistes qui poursuivent – les abrutis – les mêmes objectifs… Le motivations officielles de cet effacement peuvent être indifféremment n’importe quoi : même le prétexte escompté de « faible audience » : non vérifiable par ailleurs – si jamais on devait avoir une preuve quantifiée ! – car les audiences tout de même demandées n’ont jamais été livrées… La prétextuosité de cette motivation, tout de même impudiquement avancée dans le totalitarisme de la même information déniée (ce qui est le comble pour une entreprise de communication !), est aussi démontrée par le fait qu’en quelques jours 18.500 signatures ont été recueillies su Internet comme protestation, contre l’exclusion absurde, incompréhensible et incroyablement inacceptable.
Mais personne semble s’être aperçu du fait que l’attitude insensée et saugrenue de Proximus relève d’une attitude paradoxalement pseudo-religieuse et supposée totalisante (dictatoriale) sans aucune légitimité ontologique, mais seulement de pouvoir irrationnel et illégal ! Du reste, aucune motivation, même certifiée, ne serait en mesure de justifier une exclusion de cette portée impliquant la « liberté d’expression et d’éducation », l’existence du « pluralisme », l’assurance de la « diversité d’opinions », la disponibilité d’un « dialogue apaisé », la liberté des « enjeux sociétaux » et le « respect des petits donateurs » (dont la télé catholique en question est bénéficiaire).
Mais surtout, de quel droit une entreprise publique s’arroge arbitrairement un droit d’expulsion d’office et indiscutablement anti-démocratique ? Les pouvoirs publiques sont responsables de ce despotisme gestionnaire. Les Catholiques sont autant citoyens que tous les autres.
L’État n’a qu’à garantir que la démocratie soit appliquée : c’est déjà un grand scandale que ce type de problème laïc et démocratique soit posé comme actuellement.
En effet, ceci s’appelle « laïcisme », c’est-à-dire un abus de pouvoir sur la laïcité représentative de ses organes et ses biens ! C’est par contre un droit simplement laïc de la part de la (grande et historique) communauté chrétienne, de disposer d’au moins d’un moyen public pour communiquer à ses fidèles et à tout autre secteur de la population.
Le même discours, d’ailleurs, serait autant valable si la société de distribution était aussi totalement privée. Celle-ci doit produire – dans le cas de distribution d’un service de communication publique – la possibilité toujours démocratique relative à l’intérêt du bien commun, du précieux bien commun.
Une entreprise de communication d’État n’est pas une officine de fabrication de clous.
D’où vient-elle cette déformation idéologique constatée qui ne peut que surprendre pour l’absurdité de ses conséquences applicatives ? Elle vient de l’étatisme, la maladie la plus radicale et meurtrière de notre ère dans nos sociétés. Cette maladie, désormais une pathologie presqu’incurable de nos réflexes sociaux et économiques, se fonde sur une cause principale : la domination du principe de l’État sur la Personne.
Il s’agit-là de la déformation dévastatrice de la simple distinction entre le pouvoir de César et la loi de Dieu. La première est devenue, progressivement dans les deux siècles passés, la prévarication arbitraire du pouvoir étatiste sur la liberté inviolable de la Personne et de ses communautés. Sinon comment expliquer cette naïveté impardonnable comportementale de la part de ces, tout compte fait, petits fonctionnaires arrogants, d’autant plus subordonnés à l’actionnaire de référence de l’État, mais lui-aussi étatiste et laïciste depuis des décennies?
Ce n’est pas par hasard que la Belgique est peut-être le seul pays au monde qui a approuvé la lois d’euthanasie pour le enfants : par « compassion », dit-on !
Les responsables de l’Église devraient, en l’occurrence, se mettre à la tête de cette lutte car elle se situe au cœur – indépendamment même de l’entité de la chose en soi – de l’enjeu contemporain où toute la spiritualité est attaquée par les ennemis éternels de la Vérité et de l’Église.
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